Handicap 5

Un golfeur handicapé liégeois pose des questions essentielles.

Le monde du golf américain s’est récemment passionné pour le cas Casey Martin. Ce jeune professionnel de 25 ans a traîné l’US Tour en justice pour se voir reconnaître le droit de jouer en voiturette. Il souffre d’une maladie circulatoire congénitale qui l’empêche de marcher sans risquer de briser sa jambe droite, ce qui pourrait mener à l’infection et éventuellement l’amputation (syndrome de Klippel-Trenaunay). Les règles de l’US PGA (association des golfeurs pros) stipulent que le joueur doit marcher; la fatigue quotidienne impliquée par une marche de sept kilomètres et une station debout de cinq heures constituant un des tests du golf. Mais la Cour fédérale américaine a estimé que Casey Martin pouvait jouer avec sa voiturette! Dès lors, le Royal and Ancient Saint-Andrews, dépositaire des règles de golf, prend des conseils légaux pour voir s’il devrait admettre Martin à participer à l’Open de Grande Bretagne l’été prochain.

En Belgique, le Liégeois Bruno Renard (32 ans) aimerait bénéficier de la même possibilité, aux différences près qu’il est amateur et qu’il attend l’autorisation de la Fédération belge. Le membre du Sart-Tilman était un sportif éclectique (tennis, hockey, ski, foot…) et doué au moment où un accident de la route lui arracha la jambe gauche en 1984. Il s’attaque alors au golf dans sa quête d’un retour à une vie normale et se pique au jeu. Malgré de gros désavantages (déséquilibre, manque de puissance, etc), il parvient à un handicap 5! Mais un jour, le gaillard se fâche quand il apprend qu’après avoir passé le cut du Championnat de Belgique, il ne peut participer à la phase finale qu’hors concours.

“Bruno Renard savait qu’il en serait ainsi”, conteste le secrétaire-général fédéral Eric Steghers. “Ce n’était pas une surprise pour lui. Mais nous acceptons qu’un participant aux interclubs évolue en voiturette suite à l’accord de la commission médicale. Bruno Renard a bénéficié de cette latitude l’an dernier. Mais c’est un fait qu’en compétitions individuelles, il y a un vide réglementaire que nous sommes en train de combler.”

“Je ne veux pas polémiquer mais faire avancer les choses, de façon positive”, conclut Renard, un expert-comptable liégeois. “J’adorerais me mesurer aux meilleurs de Belgique et c’est le rêve de bien des handicapés physiques. Mais le milieu sportif dans son ensemble veut se séparer de l’handisport. Pourtant, j’ai ma chance contre un valide. Et un amputé pourrait très bien être en excellent pilote de bobsleigh mais c’est interdit. J’ai même entendu des énormités du genre que j’étais avantagé par mon handicap parce que ma jambe droite était plus stable dans mon swing! Cet été, je vais participer à une compétition spécifique à mon état en France et ensuite aux Championnats du Monde de golf pour handicapés physiques. Ça va me donner des idées, je veux aider à faire progresser les choses.”

JOHN BAETE

légende :

Bruno Renard veut jouer contre les meilleurs valides.

(Jean-Claude Dessart)

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